Maxime Crozet
​
We wanted freedom
Après treize années de guerre dévastatrice, la Syrie s’éveille lentement du cauchemar. Depuis la chute du régime de Bachar el-Assad, le 8 décembre 2024, le pays tente de se relever, de reconstruire, de réapprendre à vivre. L’autoroute M5, épine dorsale du pays, relie toujours Alep au nord à Deraa au sud, en passant par Homs, Hama et Damas — villes meurtries, mais debout.
C’est à Deraa que tout a commencé, en mars 2011, que les premières manifestations ont éclaté, après l’arrestation de jeunes graffeurs ayant osé écrire sur un mur : “Le peuple veut la chute du régime.” En remontant vers le nord, la route mène à Damas, longtemps bastion du pouvoir. La vieille ville, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, tente de panser ses plaies. Le souk Hamidiyé bruisse à nouveau, timidement. Les minarets et les églises cohabitent toujours, rappelant l’identité plurielle de la Syrie. Plus au nord, Homs, la martyre, symbolise la tragédie syrienne. Certaines parties de la ville ont été rasé par les combats entre rebelles et forces du régime et la ville renaît lentement de ses ruines. Les quartiers de Baba Amr et Khaldiyé ne sont plus que des squelettes de béton, mais on y reconstruit. Des cafés réapparaissent sur les boulevards, les enfants jouent dans les rues — les mêmes où des snipers tiraient, il y a encore quelques années. Alep, ville deux fois millénaire, autrefois capitale économique du pays, demeure un immense chantier. La vieille ville, dévastée, renaît pierre par pierre. Les artisans reviennent, les échoppes rouvrent. Entre les ruines, des grues dressent la promesse d’un avenir. Mais les murs criblés d’éclats rappellent que la paix reste fragile, que la méfiance n’a pas encore disparu.
Sur la M5, le voyage est aussi une traversée de la mémoire. Chaque kilomètre rappelle les années de guerre, mais aussi la résilience d’un peuple qui refuse de disparaître. La Syrie de l’après-Assad n’est pas encore en paix, mais elle respire à nouveau — lentement, douloureusement, avec espoir.



